Y’a-t-il un chemin tout tracé qui augure des jours heureux et paisibles ou bien au contraire, ce chemin parsemé d’embûches, est une lutte permanente pour trouver sa place dans ce monde ? Bien des principes sont bouleversés au fil de la vie et permettent de comprendre que le temps n’est pas figé. Sans cesse, un questionnement s’impose à notre esprit comme l’ultime voie qui nous mène vers le véritable amour : un instant fugace qui nous touche et nous comble de bonheur. Cet amour vrai, quel que soit sa forme, son intensité ou sa vulnérabilité, nous porte vers des jours meilleurs lorsque notre quête intérieure devient une obsession comme « le Zahir » de Paulo Coelho. Cette quête de l’amour, de la femme éternelle en traversant les mythes, les croyances et les origines, permet un long questionnement sur soi, notre liberté et ce qu’elle implique dans le monde moderne : une certaine solitude aux portes de la connaissance des limites de chacun ; cette solitude, voulue ou subie peut être lourde à porter. Pour cela, quoi de mieux que de vivre un périple de Paris jusqu’en Asie centrale. C’est ce que nous propose Paulo Coelho avec son roman « Le Zahir ».
La frontière est mince entre spiritualité et vérité…
Un savant mélange de spiritualité et vérité, porté par la redécouverte de soi, entraîne le lecteur vers les méandres de l’esprit de l’auteur ; alliant successivement l’autobiographie et le roman. L’amour reste le thème principal du livre : c’est un amour perdu qui ne demande qu’à émerger de la steppe, et du désert, dont il est pris au piège. A travers la magie et ses légendes, le protagoniste a pour objectif de retrouver celle qui donne plus que jamais un sens à sa vie. Celui-ci est un romancier – parolier à succès dont sa notoriété a suscité un désintérêt vers la femme qui partage sa vie. Obnubilé par sa réussite, il ne se rend pas compte qu’elle s’éloigne peu à peu de lui pour disparaitre pour de bon. Un jeu de piste s’installe dès lors qu’il décide de prendre le chemin qui le mène jusqu’à elle tel un parcours établi et voué à l’introspection. Il n’aura qu’une obsession : la retrouver. « Son Zahir » c’est elle… Esther, qui occupe ses pensées au point de le conduire à la folie. La folie est-elle liée à un sentiment de liberté ? Un sentiment de toute puissance ? Ou bien, simplement, une désolation liée à nos misérables vies faites d’ennuis, de frustrations et d’amertume ? Que signifie la folie pour un homme en quête de sens ? Elle ne signifie rien et tout à la fois : une passerelle vers la réalité et la fiction… Où se situe la folie sur le fil tissé par notre volonté de vérité, et de sens ? Pas très loin de notre réalité qui exulte, face à toutes autres vérités, alors qu’il suffit de changer notre regard sur le monde. Vous me suivez ? Bon, je ne vous cache pas que je m’y perds un peu aussi dans mes propos. Coelho a su semer le doute en moi, quel virtuose des mots !
Ainsi, notre quiétude et paix résident dans nos cœurs et est visibles dans nos yeux, miroir de notre propre conscience qui implique, que notre vision du monde change avec les expériences vécues qu’elles soient malheureuses ou heureuses. L’auteur s’exprime ainsi : « je suis maintenant un homme en paix avec son esprit. Je ne lutte plus contre mon orgueil blessé, je ne cherche plus Esther à tous les coins de rue… ». Du point de vue d’Esther, sa disparition semble être étroitement liée à la notion de liberté ; sa vie passée a déterminé ce choix.
Par ailleurs, ce livre nous amène à nous questionner sur l’apprentissage de la solitude ainsi que la façon de la transformer pour se sentir libre et en accord avec soi-même. Esther prend des risques dans son travail de journaliste. Elle se protège en même temps en s’éloignant de son amour qui la met en danger de mort. Son Zahir à elle n’est pas lui…simplement elle… poursuivre son rêve, et atteindre ses objectifs d’une manière audacieuse ! Tout au long du livre, la question de l’histoire personnelle est corrélée à la légende personnelle, que Paulo Coelho, tente d’expliquer à travers les personnages du récit. En 1988, dans son livre “L’alchimiste“, il définit la “légende personnelle” comme un acte spirituel et personnel qui soumet l’être humain à poursuivre une mission que lui confie l’univers. Cette légende personnelle est, selon lui, écrite dans l’âme du monde et chaque individu possède à la naissance son propre objectif à accomplir. Pour les plus pragmatiques et réalistes d’entre nous, cela s’apparente à une chimère. Le monde réel offre maintes et maintes manières de se réaliser au travers de différents domaines dans la vie (l’amour sous toutes ses formes, la reconnaissance professionnelle, la réussite matérielle, etc.). Cependant, la frénésie, le mouvement perpétuel et la non connaissance de soi entraîne l’individu vers un monde dépourvu de magie ne laissant aucune place au miracle de la vie.
Le roman s’achève sur le “fil d’Ariane“, bien au delà du connu, il reflète le goût de l’inconnu, de l’aventure, avec une dose de persévérance et abnégation ; ces mots viennent conclure mon analyse du livre “Le Zahir“ de Paulo Coelho. “Vous devez clore des cycles. Non par fierté, par incapacité, ou par orgueil, mais simplement parce que ce qui précède n’a plus de place dans votre vie“. Au quotidien, c’est notre façon de voir les choses qui rend notre réalité extraordinaire. Soyons attentifs aux signes, entremêlés d’une once de magie, d’un brin de folie, d’une part gourmande d’imagination. Cet appétit vorace de célébrer la vie, permet à chacun de vivre son rêve dans sa réalité. Enfin, si le monde réel existe… car c’est votre monde, non la réalité ! Vous pouvez y mettre ce que vous voulez. Vous me suivez ? Non ? Toujours pas ? Je comprends pourquoi…
Par Laëtitia VASTO