Pour définir une œuvre d’art, toutes opinions sont prêtes à débattre du caractère subjectif ressenti par le spectateur sur l’œuvre en elle même, sur l’œuvre toute entière : ce qu’elle évoque pour vous, ce qu’elle provoque en vous, ce qu’elle imagine pour vous et enfin ce qu’elle raconte en voyageant tout près de votre histoire.
Si l’art a un sens alors il prendra essence en vous
Peut-on considérer qu’une œuvre d’art possède la qualité du “beau”, de l’esthétique ou au contraire celle-ci défie toutes laideurs associées au mauvais goût ? ! Et bien… Oui et non ! La réalité perçue par l’œil aguerri du spectateur sur l’œuvre d’art est une question de points de vue. Où est la vérité ? Qui détient ce pouvoir sur un objet ? Encore une fois, la vérité et les certitudes sont enfouies en nous et prennent la forme qu’elles souhaitent ou l’opinion qu’elles expriment par le seul fait de croire en la magie d’une œuvre qui nous subjugue tant par sa beauté que par sa laideur. L’important est de dessiner les contours de notre conscience sur l’œuvre d’art pour qu’elle tisse un lien et évoque un sens pour nous.
L’œuvre fait écho en nous et ainsi voit émerger notre être profond, qui ne demande qu’à ressentir les émotions que l’œuvre cache derrière sa toile.
En cela, l’art est une porte ouverte sur le réel, éclairé par notre imaginaire. L’art revêt la forme qu’il veux et fait naître chez le spectateur une sensibilité presque inavouée qui le laisse pantois.
Souvenez-vous, il y a des arts qui nous laissent sans voix…
Des arts qui nous bousculent et annihilent notre jugement négatif face à une œuvre d’art. Ainsi, quel que soit l’art, beau ou moins beau, l’important est de créer une chose… Cette chose quelle que soit sa technique (peinture à l’huile, acrylique, aquarelle, fusain, etc.) sera belle à vos yeux car elle a su éveiller vos sens et vous a donnée du plaisir. Le plaisir réside dans la perception que vous avez de votre propre art et du sens qu’il évoque pour vous.
En somme, une œuvre d’art peut ne pas être belle. C’est une question de points de vue !
On nourrit l’œuvre de notre intériorité
Parlons maintenant de l’art conceptuel. Oui ça évoque certainement rien pour vous, et bien pour moi aussi, je l’avoue… jusqu’à ce que je découvre l’exposition “Ici et maintenant” sur le travail de Georges Rousse au musée de Vence dans les Alpes-maritimes (06).
L’artiste Sol LeWitt, ça vous dit quelque-chose ? Georges Rousse s’est inspiré essentiellement de l’œuvre géométrique de Sol LeWitt. Américain d’origine, Sol LeWitt est un artiste minimaliste et conceptuel. Autant de mots étranges pour définir cette forme d’art. Mais, que veux dire “Art Conceptuel” exactement ? « Une œuvre d’art conceptuelle suppose que le spectateur reconnaisse l’idée suivante : l’apparence de l’œuvre d’art, quelle que soit sa beauté, son caractère élaboré, sa complexité matérielle, sa technicité, n’est pas pertinente pour la compréhension de son sens. » Avec l’art conceptuel, qui est né dans les années 60, l’idée prime sur la réalisation. L’artiste définit un concept. Ce concept se matérialise dans l’œuvre, dans un espace pictural crée par l’artiste lui-même ainsi que des assistants lui prêtant main forte. Il y construit une œuvre éphémère unique et immortalise son art par la photographie. Seule manière de faire vivre sa création, et faire durer son utopie… Georges Rousse le rappelle « Mon espace de travail n’est que le reflet de sensations que je peux sentir directement, parce qu’il n’illustre pas un pays ou une ville dans mes œuvres.»
« Les lieux que privilégie Georges Rousse sont principalement des bâtiments hors du temps, voués à être transformés ou à disparaître. Il attache une importance primordiale à l’ambiance dégagée par le lieu car c’est véritablement une rencontre qui s’opère à chaque fois !» Il élabore un projet sur mesure en respectant méticuleusement les critères attachés au lieu choisi comme l’architecture, l’espace, la lumière et la perspective. Celui-ci explore différentes facettes de l’anamorphose (image déformée et rendue réelle par la présence d’un point de fuite par lequel, le spectateur obtient une vue d’ensemble de l’œuvre. Les espaces abandonnés font place à des fictions narratives qui induisent des pertes de repère et ouvrent à une nouvelle compréhension du monde. C’est donc le spectateur qui définit et donne un sens à l’œuvre décrite par son imagination.
Pour finir, si l’art possède autant de formes que de sens, il se traduit par l’unique vision et interprétation du spectateur. Il y a autant de sens que de spectateurs. En ce sens, une œuvre d’art conceptuelle est une porte miroir ouverte sur le réel, qui reflète dans les yeux de son créateur tout comme dans les yeux de celui qui sait la recevoir avec humilité. (cf.”Utopia” de Georges Rousse).
Par Laëtitia VASTO